“Je réalise souvent après coup ce que j’ai voulu dire dans une chanson.
Ici le texte tient en deux ou trois phrases qui sont répétées.
J’y évoque, je crois, une certaine lassitude qui s’apparente à une lutte un peu molle et subie pour me mettre à distance des trépidations de la vie urbaine, des nuits tapageuses, des crissements de pneus ou de dents, des disputes de rue, obscènes parfois, qui s’invitent jusque dans mon salon. C’est à ces moments qu’émerge un désir de fuite, de vie à la campagne aussitôt avorté à la faveur d’embuscades amicales qui divertissent et consolent… Comment s’extirper de toutes ces réalités possibles, condensées, juxtaposées qui continuent de fasciner, alors que nos possibilités réelles, elles, sont tout autre? D’un embouteillage de contradictions à l’autre, on ne sait plus vraiment où l’on est…
Je suis arrivé chez Élise avec cette chanson que j’avais déjà un peu « maquettée » à la maison. Très rapidement, elle a trouvé avec son violoncelle le contrepoint mélodique conférant au morceau profondeur et nuances. Et puis toutes les harmonies. Le violoncelle a joué un rôle fondamental car il a permis de dérouler de manière très fluide tous les arrangements par la suite. Assez magique- ment d’ailleurs, si bien que j’ai du mal aujourd’hui à en retracer le processus.
Jérôme, par la suite, a œuvré également sans consignes particulières et a fait - comme à chaque fois sur cet album - une proposition très forte. Des grincements de cymbales au jeu de balais très sec et autres nuances, il a littéralement ouvert une dimension supplémentaire.
Et puis la guitare arpégée d’Aurel qui parvient avec une délicatesse infinie et un « à propos » qui me sidère à chaque fois, à trouver le contrepoint parfait de mes arpèges.
C’est sans doute le morceau le plus « à l’os » de l’album et traité dans ce sens par Jean-Sébastien, l’ingénieur du son. Je lui suis très reconnaissant d’avoir insisté dans cette voie qui ne m’était pas habituelle. Peut-être une direction pour l’avenir…
Le clip, monté par Christophe Urbain à partir d’images qu’il avait lui-même filmées a bénéficié lui aussi d’un processus quasi immédiat. Je connaissais ces images, notamment ce plan séquence miraculeux, depuis 3 ou 4 ans, bien avant l’existence de la chanson. J’y pensais assez souvent avec l’espoir un jour de pouvoir les utiliser. Et ce moment est venu et j’en suis très heureux. Cette juxtaposition apporte un supplément de sens que je trouve stimulant et inspirant.” Stephan NIESER - SOLARIS GREAT CONFUSION
“Traffic Jam” est le second extrait du LP “Untried Ways” - Sortie le 23 octobre