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Vincent Ferrand (contrebasse) + David Haudrechy (saxophone soprano) + Roland Ossart (mélisson) / Connexion Improvisée – lundi 5 mars 2012 – Connexion Café - Toulouse

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Début du deuxième set et toujours un parti-pris apparent de pure ambiance. Je crois maintenant qu’à ce moment-là j’étais à deux doigts de me souvenir d’infructueux errements, à quelques encablures et trop d’années de la grande salle du Connexion. Mais c’est une autre histoire et j’ai bifurqué au dernier moment pour me pencher vers mon voisin de bar, artiste graphique de son état, et lui glisser comme ça : « Une toile. Recouverte de couleurs qui changent tout le temps. Tu vois, toi qui t’y connais ? » Or non, Mathieu B., le voisin en question, rêvassait plutôt pour sa part aux films qui viendraient s’appuyer sur ce genre de B.O.
« Une toile, ai-je pourtant ajouté, qu’ils recouvrent d’un certain nombre de nuances, avant de se raviser et de modifier le tout, progressivement mais constamment. Un fond qui change constamment et sans qu’ils dessinent rien dessus. » Et voyez comme c’est drôle, c’est justement le moment que choisit Vincent Ferrand pour tracer sur l’espace, d’une ligne de contrebasse calmement découpée, un premier personnage. Le mélisson vient emplir et densifier la texture où le saxophone progresse andante, et nous voilà en bien moins de temps qu’il n’en a fallu pour l’écrire en pleine immersion. On n’est pas loin du trio de jazz avec un accompagnement un peu biscornu derrière le cuivre soliste, sauf que celui-ci s’applique à ne pas prendre trop résolument les choses à son compte. Chaque phrase, chaque mouvement un peu plus affirmé vers l’occupation du terrain se résout en fait vers une nouvelle nuance, un simple coup de palme vers des eaux aux lumières modifiées par une différence de profondeur ou de nature des algues environnantes, et tout recommence comme ça plusieurs fois avant une étape mi-comique mi-désespérante, vers un rivage d’où le saxophone se retire quand il n’y a plus assez de fond, effrayé peut-être aussi par un tumulte de crabes pullulant comme pour ces festins de marée basse. Par la suite David Haudrechy aura quelques fois encore la sagesse de ménager ces insolites et délectables plages de duo entre la contrebasse versatile de Vincent Ferrand et le mélisson fantasque, solidement rétro et « Pierre Henry-esque » de Roland Ossart. Le tableau, en fin de compte, s’était définitivement animé et les personnages des films étaient bel et bien sortis de l’écran.

Prochaine Connexion Improvisée le 2 avril au Connexion Café. Un trio a priori enraciné dans les basses fréquences mais qui ne manquera pas de s’en échapper. Comment ? Pour le savoir, venez nombreux !

Philippe Vidal – phvl@free.fr

P.S.: voilà, voilà, on se calme, j’ai entendu : « Mais c’est quoi, à la fin, #@!%#%^!!, un LISSON ?!? ». Eh ben c’est ça, un mélisson. Et le GMEA d’Albi est le groupement dont est issu Roland Ossart. Ca va mieux ?